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jeudi 2 mai 2024
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L’or en Afrique de l’Ouest : entre mannes et terrain miné

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Depuis une quinzaine d’années, des confins désertiques du désert aux hauts plateaux guinéens, une folle ruée vers l’or s’est emparée de l’Afrique de l’Ouest. Une manne financière pour les États, une source d’emplois et de belles opportunités pour les entreprises d’orpaillages. Mais si la Côte d’Ivoire et la Guinée ont mis en place un cadre juridique efficace et profitable à tous les acteurs du secteur, c’est moins le cas au Burkina Faso et au Mali, où la situation frise le chaos. 

Il est devenu en quelques mois une personnalité connue dans toute la Guinée : Tidiane Koita, le Président de l’Union des Orpailleurs de Guinée (UNOG), sillonne le pays depuis de nombreux mois pour défendre la modernisation à marche forcée du secteur aurifère qu’il a entrepris depuis son arrivée à la tête de la fédération professionnelle en 2019: établissement de cadastres, modernisation du code minier et surtout, développement de l’ensemble du processus industriel d’extraction puis de traitement du précieux minerai sur place, en Guinée.

Un programme ambitieux de l’UNOG, mais nécessaire : la Guinée compte 700 tonnes de réserves d’or dans son sol et les nombreux propriétaires de mines – comme Tidiane Koita – font vivre des milliers de familles. Et la politique entreprise par le gouvernement guinéen et les opérateurs privés porte ses fruits : le taux de croissance, attendu à 5% en 2023, est largement dopé par les exportations aurifères, qui représentent 50% de la richesse exportée de Guinée. De plus, depuis 2019, une réforme prévoit une redistribution par l’État aux communes d’une partie des revenus miniers : une ressource importante de plus de 20 millions d’euros.

En Côte d’Ivoire, l’optimisme est aussi de rigueur : le gouvernement prévoit même de porter le secteur aurifère à 6% de son PIB, contre 3% actuellement. Un objectif rendu possible par la constante hausse de la production annuelle d’or ces dix dernières années, atteignant en 2022 plus de 41 tonnes d’or.

Une dynamique enclenchée en 2014 après une profonde réforme du code minier destinée à faciliter les investissements étrangers. Et de fait actuellement, neuf mines sont en fonctionnement et deux autres sont en construction et toutes contrôlées par des sociétés canadiennes ou australiennes.

Bien que le cacao demeure la principale ressource de Côte d’Ivoire, l’or pourrait bien jouer un rôle croissant dans l’économie du pays dans les prochaines années, lui permettant de moins dépendre des variations des cours de la fève.

Le sujet épineux de l’or au Mali et au Burkina Faso

Mais l’exploitation du précieux minerai est toutefois plus difficile dans d’autres pays, comme le Mali et le Burkina Faso.

Au Burkina Faso, la junte a « réquisitionné » près de 200 tonnes d’or d’une compagnie minière canadienne en février dernier. Un rachat certes effectué au prix du marché, mais qui risque d’inquiéter encore plus les opérateurs étrangers. Car la situation est compliquée pour les miniers : trop d’enlèvements, trop d’impuissance des autorités, et surtout, trop de frais pour assurer la sécurité du personnel.

Résultat : au Burkina Faso, les entreprises minières fuient l’insécurité juridique et physique, au profit d’autres entités comme les paramilitaires Russes de Wagner, particulièrement implantés dans la région et suspectés de se financer par la prédation des ressources minières du pays. Un scénario malheureusement assez proche de celui en cours au Mali, où là aussi, un secteur aurifère encadré et bénéficiant à la population peine à émerger.

En novembre 2022, le gouvernement malien de transition a suspendu l’octroi des permis miniers « jusqu’à nouvel ordre ». Une décision révélatrice de la grande confusion qui règne dans le secteur, où les règles fixées par l’Etat peinent à être mises en oeuvre : alors que la législation prévoit une priorité aux acteurs nationaux, la quasi-intégralité des mines maliennes sont encore gérées, via différents montages juridiques, par des acteurs étrangers. Pour y voir plus clair, Ouagadougou a lancé plusieurs audits et une « société nationale de recherche minière » a été créée. Selon l’économiste malien Aboudramane Coulibaly, « Il y a désormais une volonté affichée par les autorités de s’approprier ce patrimoine géologique qui constitue aujourd’hui l’une des sources importantes des recettes du pays. »

Le Mali réussira-t-il à transformer les richesses de son sol en richesses pour son peuple ? Réponses dans quelques années.

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