La population mauritanienne a unanimement salué le retour au pays natal de Mohamed Ould Bouamatou, le 11 mars 2020. Elle a également applaudi l’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre lui, deux mois plus tard. Si le besoin de justice et de démocratie a nourri sa réaction, elle attend avant tout beaucoup du milliardaire.
Les Mauritaniens avaient tenu un sit-in devant le palais présidentiel en décembre 2019 pour obtenir le retour au pays natal des exilés politiques, parmi lesquels Mohamed Ould Bouamatou. Trois mois plus tard, grâce à l’abandon du mandat d’arrêt international lancé contre lui par l’ancien régime d’Abdel Aziz, le milliardaire foulait à nouveau le sol de la Mauritanie, après dix ans passés à l’étranger.
Dès son retour, il avait appelé à la mobilisation de tous les patrons de son pays contre la pandémie du coronavirus. En guise de contribution personnelle, Bouamatou avait fait un don d’un milliard d’Ouguiyas (8 millions d’euros) au gouvernement mauritanien.
Mohamed Ould Bouamatou, un philanthrope et un militant
Alors que le Covid-19 est largement sous contrôle, l’homme d’affaires doit maintenant se tourner vers les difficultés quotidiennes de ses compatriotes. Loin de posséder une baguette magique, Bouamatou a largement les moyens d’aider l’Etat à améliorer la vie de la population, qui souffre énormément depuis des années.
Selon un rapport de l’ONU, daté de 2017, les trois quarts du pays vivent dans une extrême pauvreté (le revenu d’un ménage est inférieur à 1,34 dollar par jour). Outre l’insuffisance de leurs revenus, les Mauritaniens doivent se battre pour l’accès à l’eau, à l’alimentation, à l’éducation, à la justice ou encore à la santé.
L’action de Bouamatou devrait essentiellement s’articuler autour de trois gros chantiers : la santé, la justice sociale et l’économie. En matière de santé, le banquier lutte déjà contre la cécité depuis les années 2000. Sa clinique ophtalmologique, sise à Nouakchott, opère gratuitement des patients atteints de la cataracte et du trachome. Bouamatou lutte aussi contre la mortalité maternelle et infantile. On lui doit notamment la construction d’une extension de la maternité de l’Hôpital Cheikh Zied à Nouakchott.
Au niveau de la justice sociale, Bouamatou est qualifié de « plus grand féministe africain » car il œuvre pour l’émancipation des femmes à travers l’éducation notamment. Sa Fondation pour l’Egalité des chances en Afrique apporte son aide financière à tout projet dans le domaine des droits de l’Homme, de la transparence et de la démocratie.
Quels apports à l’économie nationale ?
C’est surtout au niveau du troisième volet, l’économie, que Bouamatou est attendu. Le patron du groupe BSA doit aider l’État à redonner un nouveau souffle à de nombreux secteurs d’activité. En matière d’investissements, le banquier a déjà largement fait ses preuves. Il a injecté de nombreux capitaux dans le secteur de la banque, de la téléphonie, des assurances, des mines, de la construction, de la pêche ou encore de l’agroalimentaire. Pour cette contribution à l’essor de l’économie nationale, Bouamatou avait reçu une distinction en décembre 2019, alors qu’il se trouvait encore en exil.
Avec l’avènement du nouveau pouvoir conciliant et pondéré de Ghazouani, le fondateur de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM) pourrait multiplier les investissements sans craindre pour ses affaires. Les plus grands gagnants seraient alors les jeunes Mauritaniens qui auront de l’emploi ou des financements pour leurs projets.