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samedi 27 avril 2024
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Le génie écologique, axe stratégique pour les entreprises.

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Selon un sondage IFOP de septembre 2010, deux tiers des Français ne sont pas convaincus de la sincérité des démarches des entreprises en matière de protection de la biodiversité. Pourtant, 90% estiment qu’elles ont un rôle à jouer sur ce thème dans les années à venir. Bien plus que des engagements, les consommateurs attendent des actions concrètes. Pour intégrer la biodiversité au cœur de leurs réflexions stratégiques les entreprises font aujourd’hui appel aux professionnels d’un secteur en pleine croissance : le génie écologique.

Entre réglementations et actions volontaires, les entreprises sont souvent démunies face à la prise en compte de la biodiversité dans leurs plans de développement et ne se sentent pas vraiment concernées. Pourtant, 40% de notre économie est directement dépendante du vivant. En d’autres termes, il s’agit d’un capital naturel indispensable, à la base même du capital humain et économique. Prendre en considération cette dimension est donc avant tout un acte de bonne gestion qui permet de préserver le capital économique dans une vision stratégique de l’avenir.

Pour répondre à ces questions, des professionnels existent dans un secteur en pleine croissance : le génie écologique. « Le temps n’est plus à panser les plaies et à vouloir sauver un système à bout de souffle ; mais il s’agit véritablement de réfléchir à un nouveau modèle économique, afin de rendre compatible les entreprises avec les écosystèmes » explique Patrice VALANTIN, directeur de DERVENN, société de conseils, d’études et de travaux spécialisée en génie écologique. « Nous amenons les entreprises à réfléchir sur du long terme et à se projeter dans un monde aux ressources naturelles limitées et à l’énergie chère. De cette manière, nous les aidons à construire leur propre modèle sur la base d’une stratégie d’actions sur 30 ans ».

Répondre aux enjeux réglementaires et se projeter vers l’avenir

Le cadre réglementaire et son évolution sont une entrée évidente du vivant dans le monde de l’entreprise : Responsabilité Sociale et Environnementale, législations sur la compensation des impacts sur les espèces et les milieux, trames vertes et bleues… Avec le sommet de Rio+20 qui se tiendra fin juin 2012, l’importance de ces enjeux sera réaffirmée et renforcée.

Pourtant, préparer l’avenir signifie également anticiper et se projeter dans le monde de demain. L’épuisement des ressources naturelles et l’accroissement du coût des matières premières sont un paramètre essentiel à prendre en compte. Pour les entreprises, ce paramètre n’est que très peu assimilé. L’information et la formation sont donc essentielles et constituent un préalable avant l’action. Pour cela, l’outil EBEVie du ministère de l’Ecologie est une interface web qui propose aux entreprises de s’auto-évaluer pour mieux comprendre leurs liens d’interdépendances avec la biodiversité et ainsi intervenir dans l'aide à la décision de celles-ci. Cet outil généraliste est une première brique au processus d'adaptation.

Plus spécifiquement, Dervenn a développé une méthode de diagnostic permettant d’évaluer les liens d’interdépendances avec le vivant, prenant en compte les particularités propres de chaque entreprise. Lorsqu’en 2010, Aéroports de Paris a fait appel à Dervenn pour élaborer sa politique biodiversité, la première étape a été un travail d’échanges et de sensibilisation.

Il est donc de l’intérêt de toute entreprise d’être proactive et pionnière quant à la prise en compte de la biodiversité dans leur stratégie. Le fait d’anticiper les évolutions à venir, qu’elles soient d’ordre réglementaire, ou encore liées à la disponibilité des ressources ou à l’opinion publique, permettra aux entreprises d’acquérir un avantage concurrentiel en se démarquant, en améliorant leur image et en créant une perception positive dans l’opinion publique, car leur implication en matière de biodiversité pourra être mesurée en fonction des actions concrètes qu’elles auront mises en place.
RSE et SNB, deux leviers incontournables

Deux « outils » incontournables au service des entreprises sont la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) et la nouvelle Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB). Cependant, si la RSE relève d’une obligation légale, les projets mis en œuvre dans le cadre de la SNB ont la nature d’un engagement volontaire de la part des entreprises.

Les entreprises cotées, ainsi que les entreprises non cotées en fonction de critères tels que leur chiffre d’affaire, ou le nombre de salariés, ont l’obligation de rendre compte, sous forme d’un rapport annuel, des actions qu’elles mettent en œuvre notamment en matière de biodiversité. Avec le Grenelle de l’Environnement, de plus en plus d’entreprises seront soumises à ces obligations de reporting en matière de RSE, et cette tendance est vouée à s’accentuer ; les seuils seront en effet amenés à évoluer vers un élargissement des entreprises soumises à la RSE.

Les engagements des entreprises en matière de biodiversité ont des impacts importants, et ce à divers niveaux. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne l’accès aux financements mais également pour leurs évaluations et notations extra-financières. Il leur est donc essentiel de montrer et de démontrer le bien-fondé de leurs actions dans leurs rapports RSE. « Nous avons développé avec le Bureau Veritas un label intitulé Biodiversity Progress. Il s’agit d’un processus de labellisation de la démarche engagée par l’entreprise en matière de biodiversité » explique Hélène SOYER, responsable du pôle Conseil de Dervenn.

Quant aux entreprises qui se sont d’ores et déjà engagées ou qui s’engageront dans le cadre de la SNB, leur participation ne doit pas se limiter à une simple signature qui permettrait de démontrer la valeur qu’elles accordent à la biodiversité. En effet, en adhérant à la SNB, ces entreprises ont pris l’engagement de mettre en œuvre des actions concrètes en faveur de la biodiversité ; elles disposent ainsi d’un délai maximal de 2 ans pour déterminer les mesures qu’elles entendent mettre en œuvre dans le cadre de leur activité. « Des entreprises nous ont sollicité à ce sujet. En réponse, nous leur proposons la réalisation d’une étude d’orientation stratégique, qui permet en quelques mois de décliner des actions sous la forme d’une feuille de route » explique Sébastien DELLINGER, chargé de la Recherche et du Développement dans l’entreprise DERVENN.

Des actions concrètes sur les territoires

Inscrire l’entreprise dans un nouveau modèle demande à la reconsidérer comme un élément à part entière de l’écosystème. Cela nécessite du temps et une évolution progressive. « Les actions que nous proposons consistent d’abord à limiter les impacts négatifs, et à améliorer les impacts ou actions positives. En s’inspirant des modèles vivants, nous reconsidérons également les modes de production ou d’approvisionnement » précise Sébastien DELLINGER, chargé de la Recherche et du Développement dans l’entreprise DERVENN.

Dans les projets d’infrastructure, la biodiversité n’est pas en reste. La société EIFFAGE, qui construit actuellement la ligne grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire, a souhaité aller au-delà des obligations réglementaires de compensation. Pour cela, elle a fait appel à la société DERVENN pour mettre en œuvre la démarche FIPAN, destinée à gérer et valoriser les ressources naturelles et les services écosystémiques fournis par la biodiversité. Cette démarche a été développée depuis 2009 par le pôle recherche et développement de l’entreprise DERVENN, en partenariat avec le bureau d’étude indépendant de conseil en agronomie, QUALITECHS. « Il s’agit d’un modèle innovant destiné à financer et garantir les fonctionnalités écologiques du territoire, la pérennité du capital naturel et la préservation des continuités biologiques, par des actions de génie agri-écologique » explique Patrice VALANTIN. « Elle vise autant la biodiversité générale que remarquable et crée une véritable dynamique territoriale en impliquant étroitement les chefs d’entreprises agricoles, acteurs clefs pour l’avenir des écosystèmes ».

Le financement de la démarche est réalisé sur la base de fonds volontaires publics ou privés, recherchés auprès d’acteurs locaux, d’entreprises, de collectivités ou de particuliers souhaitant participer activement à la valorisation écologique et économique de leurs territoires. Cette démarche a valu à DERVENN et à EIFFAGE l’obtention en décembre 2011 du prix Entreprises et Environnement, dans la catégorie Biodiversité.

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